4.12.2018, Sandra Imsand / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Sous nos latitudes, les arbres ont traversé l’été avec difficulté. Ceux qui décoreront nos intérieurs auront triste mine.
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Sur les quatre hectares de culture de Vincent Pidoux, à Thierrens (VD), on remarque de loin déjà comme des traînées jaunes sur les branches des sapins. Des centaines d’arbres semblent touchés par un mal étrange. «C’est le résultat des attaques de pucerons. Chaque année, des vols entiers s’abattent sur les aiguilles pour aspirer la sève», explique le maître des lieux. Si en temps normal, les arbres sont relativement bien armés pour résister aux prédateurs, cette année, la sécheresse associée à une interdiction d’arroser a eu un effet dévastateur. «Quand le sapin est gorgé d’eau, il arrive à compenser cette perte. Mais là, je n’ai rien vu venir: en deux semaines, j’ai perdu 2000 arbres.»
Cruel manque d’eau
Le bûcheron de 28 ans à la tête d’Agrisapins a dû se faire une raison: cet hiver, il ne pourra pas vendre ceux dont les branches sont jaunies et rabougries. En février prochain, il transformera ces Nordmann généralement majestueux en copeaux ou en matière organique, «pour quand même en tirer quelque chose».
Plus loin, un grand sapin dont les extrémités vert tendre tranchent avec la couleur profonde du reste des branches. «On voit que les pousses de l’année sont plus claires, c’est aussi lié au manque d’eau. Je vais devoir donner des engrais à ces arbres pour les stimuler l’an prochain.» Car, selon le Vaudois, ils ne trouveront pas preneur: «Les consommateurs sont très exigeants.» Les pertes sont importantes cette année, et les conséquences de cet été dévastateur s’étendront sur les six ans à venir. «Quand j’ai chiffré, j’ai eu mal au ventre», raconte l’agriculteur. En cause, les petits plantons mis en terre en avril dernier, qui n’ont pas pu développer un système racinaire suffisant pour résister à la sécheresse. Jamais ils ne grandiront.
Vincent Pidoux: «Le client ne doit pas compenser les aléas du climat.»
Des dommages importants dans les arbres fraîchement plantés ou en l’occurrence replantés, la société Ecosapin en déplore également. «Nous avons constaté bien plus de pertes que l’année précédente», analyse François Hofer, associé dans l’entreprise spécialisée dans les sapins en pots. «Nos plantations n’étaient pas irriguées. Nous sommes actuellement en train de réfléchir si l’installation d’un système d’arrosage serait intéressante dans le cas où des étés pareils se reproduiraient. Mais les coûts sont très élevés.»
Sans effet sur le prix de vente
Autre conséquence du manque d’eau: l’aspect des sapins. «Nos arbres, de la variété Abies fraseri, proviennent de producteurs en France, en Allemagne ou en Belgique. Cette saison, nous avons dû travailler avec deux fournisseurs différents car ils ne disposaient pas de suffisamment de sapins de premier choix, très touffus et denses.» Cette sécheresse a une incidence sur le prix d’achat des arbres. Mais tout comme Ecosapin, Agrisapins a décidé de ne pas répercuter les conséquences de cette année difficile sur le client. «Je trouve que ce ne serait pas honnête vis-à-vis du consommateur. Ce n’est pas à lui de compenser les aléas du climat. On travaille avec la nature, il faut savoir s’adapter», explique Vincent Pidoux.
Autre son de cloche pour les grands commerces: la sécheresse semble n’avoir eu aucun impact. Du côté d’Ikea, dont les arbres viennent du Danemark, pas de souci particulier à signaler. Idem chez Migros, même si la plupart des sapins vendus cette année sont estampillés de la région. Visiblement, devant une sécheresse record, tous ne sont pas égaux.



