4.6.2018, Laurianne Altwegg / Si la rétribution offerte par le fournisseur local ne comprend pas la garantie d’origine qui trace l’électricité, celle-ci peut être revendue à un autre. shutterstock.com
Qui a des panneaux solaires à Bienne ou à Sion ne vend pas son courant au même prix.
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La plupart des particuliers qui possèdent une installation photovoltaïque ne consomment pas ou pas complètement leur courant sur place. En effet, production et utilisation ne coïncident généralement pas et le stockage d’électricité au moyen de batteries convainc peu. Résultat, les producteurs vendent le courant qu’ils n’utilisent pas à leur fournisseur local d’électricité, légalement obligé de le reprendre. Toutefois, le tarif de reprise varie beaucoup d’une firme à l’autre et il est impossible de s’adresser au plus offrant.
Un producteur qui injecte son courant dans le réseau de Neuchâtel recevra ainsi 11,84 ct. par kilowattheure de la part de Viteos, mais seulement 6,3 ct. à Sion de ESR. Ceci alors que l’électricité achetée auprès des mêmes fournisseurs – pour couvrir sa consommation lorsque les panneaux ne produisent pas – sera facturée respectivement 21,69 ct. et 14,86 ct./kWh.
Electricité grise
Les différences de tarifs de reprise s’expliquent avant tout par la manière qu’ont les entreprises de structurer leurs achats. En effet, selon la Loi sur l’énergie (art. 15, al. 3, let. a), «la rétribution se fonde sur les coûts que le gestionnaire de réseau aurait eus pour acquérir une énergie équivalente». Ici, l’«énergie équivalente» ne correspond pas à du courant issu du solaire, mais au contraire à de «l’électricité grise (dont l’origine n’est pas traçable) qui aurait été soutirée au moment où le courant a été injecté». L’objectif de la rétribution du courant n’est pas en effet de subventionner le solaire ou de couvrir les coûts de production: c’est le rôle de la RPC et c’est d’ailleurs pourquoi ce tarif n’est destiné qu’aux producteurs qui n’en bénéficient pas. Car si ce courant occasionnait des coûts supplémentaires pour les gestionnaires de réseau, ce seraient alors tous les clients finaux qui paieraient la différence via leur facture.
La différence entre le tarif de reprise et celui de l’électricité facturée par le même fournisseur provient pour sa part du fait que ce dernier ne comprend pas que l’énergie, mais aussi les frais d’utilisation du réseau et les redevances publiques qui constituent plus de la moitié du prix total de l’électricité. Si l’on ne compare que les tarifs de l’énergie, on constate en fait que beaucoup de fournisseurs reprennent celle des producteurs plus cher que ce qu’ils leur facturent. Reste que pour les petits producteurs qui n’ont pas réussi à bénéficier de la RPC (lire aussi notre série Les déçus de la Statégie énergétique partie 1 et partie 2), la pilule est dure à avaler. D’une part, beaucoup ne parviennent pas à rentrer dans leurs frais. D’autre part, le fait que les tarifs de reprise peuvent fortement varier d’une année à l’autre (contrairement à la RPC) ne leur permet pas de faire des projections à long terme. Moralité: autant consommer pour soi le courant produit par son installation au maximum pour éviter de devoir le vendre à vil prix avant de le racheter au prix fort.





