10.11.2020
Différentes initiatives s’engagent pour sa réhabilitation ou la mise en valeur des produits. Un plus pour le paysage, la biodiversité et le palais.
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INSPIRANT
Certaines expériences et d’autres manières de consommer méritent qu’on s’y attarde.
«Avant, on arrachait les arbres et on touchait des subventions pour le faire. Aujourd’hui, on en plante et on reçoit des aides aussi», s’amuse Boris Bachofen, directeur de l’association Retropomme. Autrefois, le Plateau suisse était constitué de grands arbres qui structuraient le paysage. En 1951, on en dénombrait 14 millions. Il n’en reste que 20%.
Les raisons de ce déclin sont multiples: l’une tient à la lutte contre l’alcoolisme (1960), certains producteurs ayant préféré boire leurs pommes plutôt que de les manger depuis qu’ils bénéficiaient d’une exonération de taxe pour distiller les fruits de leurs vergers. La pression immobilière a aussi eu raison des vergers communaux en ceinture de villages. Les rescapés de ces grands remaniements meurent ou s’abîment, faute d’entretien. «Durant mon apprentissage d’arboriculteur, il y a trente ans, on nous faisait sentir qu’on n’allait pas s’intéresser aux «grands gogants», comme on les appelait», explique Boris Bachofen. Pourtant, depuis quelques années, les vergers à haute-tige font leur retour en grâce dans les champs et grands jardins.
Plaisirs gustatifs
Mais il y a verger et verger. Les alignées de petits arbres de la plaine du Rhône produisent un nombre impressionnant de fruits. Ils sont toutefois peu intéressants pour la faune. «Ils répondent à une logique économique», explique François Turrian, directeur romand de BirdLife Suisse. Les ornithologues ont ainsi dénombré cinq espèces d’oiseaux dans les basses-tiges du Valais alors que les hautes-tiges d’Ajoie (JU) en abritent une trentaine. Huppe fasciée, rougequeue à front blanc et chevêche d’Athéna, inféodés aux vergers, ont énormément souffert de la disparition de leur habitat. Les cavités des arbres mais aussi les fleurs, fruits, lierres, mousses et lichens offrent abris et nourriture à une foule d’animaux et les espaces enherbés à leur pied participent aussi à la richesse de la biodiversité.
Outre qu’il est un écosystème à part entière, le verger apporte des saveurs différentes. «Les supermarchés tournent avec dix sortes de pommes», estime Christoph Köhler, responsable des projets fruitiers pour Pro Specie Rara. Or le patrimoine suisse dénombrerait 1000 variétés. De quoi expérimenter au-delà de la Golden et de la Granny Smith. Chacune a ses particularités en termes de goût, de préparation et de conservation. «Il y a de fortes demandes pour planter des fruitiers anciens», relève le spécialiste. Manger local répond à la mouvance actuelle. Les bourses aux arbres organisées par Retropomme attirent chaque automne un public plus nombreux. «En 2005, on a vendu 50 arbres, explique son directeur. L’an dernier, un millier ont trouvé preneur.»
Le retour des grands arbres est aussi symbolique des changements sociaux. Notamment dans l’agriculture avec l’arrivée des néo-ruraux, moteurs dans cette prise de conscience. «Les hautes-tiges freinent l’érosion et offrent de l’ombre, des éléments indispensables pour le futur, estime Boris Bachofen. Vu l’état de notre climat, on a besoin d’arbres!»



