4.9.2018, Sandra Imsand / Extinction des écrans une heure avant le coucher: aux parents d’être fermes! shutterstock.com
La multiplication des lampes à LED et la surexposition à la lumière vive inquiètent. Des solutions existent, mais elles ne remplacent pas le bon sens.
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Les enfants et adolescents passent du temps sur les écrans. Beaucoup trop diront certains. Selon une étude française de 2015, la moyenne est de 2 heures et 22 minutes par jour pour les bambins de 4 à 6 ans, de 2 heures et 53 minutes pour les 7 – 10 ans et de 3 heures et 34 minutes pour les 11 – 14 ans. Et ces chiffres ne cesseraient d’augmenter, allant de pair avec la multiplication du nombre de smartphones et tablettes dans les foyers. Or, qui dit écran dit aussi exposition soutenue à la lumière bleue. Avec son lot d’inquiétudes. Explications.
Cerveau déboussolé
Au début des années 2000, des recherches ont permis de découvrir que 2000 à 3000 cellules de la rétine sont impliquées dans des fonctions non visuelles, selon le Professeur Aki Kawasaki, neuro-ophtalmologiste et clinicienne scientifique à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. La mélanopsine, une protéine présente sur la rétine, a pour rôle de capter la lumière. Ce faisant, elle indique au cerveau s’il fait jour ou nuit, lui permettant de produire la mélatonine une fois l’obscurité installée. Cette dernière envoie alors au corps un signal de fatigue signifiant que l’heure du coucher est proche. Il se trouve que la mélanopsine capte toutes les longueurs d’onde, mais qu’elle est particulièrement sensible au spectre du bleu. Or, les LED présentes à la fois dans les écrans, dans les éclairages publics ou ceux de la maison (lire ci-contre) sont justement très riches en lumière bleue et induisent le cerveau en erreur. Du coup, l’être humain surexposé perd sa capacité à être en phase avec les cycles diurnes et nocturnes.
Jet lag social
Certains spécialistes ont tiré la sonnette d’alarme depuis des années: la présence accrue de smartphones, tablettes et ordinateurs dans les chambres à coucher provoque des problèmes d’endormissement. Ce qui est particulièrement préoccupant pour les enfants et les adolescents, selon Stephen Perrig, médecin adjoint au Centre de médecine du sommeil aux Hôpitaux universitaires de Genève.
S’ensuit un «jet lag social», où l’enfant souffre de carence en sommeil, éprouve de la peine à se lever le matin et, dans les cas les plus extrêmes, finit en rupture scolaire ou professionnelle. «Les consultations de ces classes d’âge ont augmenté de 30% en dix ans», explique le neurologue. En outre, le manque de sommeil a des effets néfastes sur le cerveau (troubles de l’attention, processus cognitifs) et la santé (prise de poids, hypertension, etc.).
Il n’en fallait pas plus pour que l’industrie se lance dans le créneau, proposant des outils destinés à «bloquer» la lumière bleue pour garantir des nuits paisibles: applications ou programmes (parfois gratuits) colorant les écrans des tablettes, ordinateurs ou smartphones dans les tons orangés, filtres physiques à poser sur les appareils, ampoules spéciales ou lunettes dédiées à cet usage précis. Selon les experts, ces solutions sont efficaces, mais toutes ne se justifient pas. «Nous recommandons les lunettes filtrantes pour certains corps de métier, notamment dans le cadre du travail de nuit, explique le docteur Perrig. Mais pour un adolescent, encore faudrait-il qu’il accepte de les porter!» Car avec leur aspect particulier, pas sûr que les jeunes les adoptent, en effet.
La règle des trois «9»
La solution ne réside pas que dans l’acquisition d’un produit commercial. Les parents ont un rôle certain à jouer, l’école le peut aussi. C’est ainsi que le neurologue genevois note un regain d’intérêt pour le thème du sommeil en classe. «Certaines écoles introduisent le sujet dans leurs cours de biologie, apportant une information et une caution scientifiques», explique le médecin. Une façon intéressante de sensibiliser les jeunes directement, et qui peut être mieux vécue qu’un contrôle parental.
C’est en effet à ces derniers de fixer un cadre, notamment sur la durée d’utilisation des écrans avant le coucher. A ce propos, la règle des trois «9» permet de faire preuve de bon sens. En clair? Primo, encourager les adolescents à renoncer aux écrans après 21 h. «Dans une étude menée sur 569 jeunes de 12 à 19 ans, nous avons mesuré qu’ils y consacraient en moyenne 1 heure et 20 minutes après 21 h. Or, en réduisant ce moment à 20 minutes, ils s’endormaient plus tôt et dormaient plus longtemps», relate Stephen Perrig. Deuzio, viser les 9 heures de sommeil par nuit. «En dessous de 7 heures, on parle de déprivation sévère.» Tertio, il s’agirait de ne pas commencer l’école avant 8 h 30 – 9 h. «Selon des sondages réalisés à Genève, deux tiers des élèves estiment commencer trop tôt et aimeraient réduire la pause de midi.» Une piste à creuser.
Cet article est paru dans le magazine FRC Mieux choisir sous le titre «Lumière bleue: vade retro, Satana!»



