15.12.2020, Aude Haenni / Pour un menu réussi et festif, il s’agit de suivre les directives du cuisinier, de mettre beaucoup d’amour dans la décoration et la vaisselle... Et d’être bien entouré!
Curieux ou en quête de renouveau, des amoureux de l’art culinaire se sont lancés dans la restauration à domicile. On tente et on réinvente les Fêtes en cette fin d’année particulière?
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«Travailler dans de grands établissements vous donne de l’expérience, vous permet d’être apte à faire face à n’importe quelle situation. Mais vous n’êtes pas toujours libre de vos mouvements. La création peut s’en ressentir…» Et la routine s’établir. Fort de ce constat, et après quatorze ans à sillonner les cuisines de Suisse romande, Olivier Dufrenne a choisi la voie de l’indépendance avec La Table d’Olivier. «Depuis 2009, je suis mon propre créateur, et chaque événement est une remise en question», notamment lorsqu’il s’immisce dans les cuisines des particuliers pour leur proposer des réalisations aux petits oignons.
Tout comme Anne-Sophie Taurines et sa Pretty Kitchen créée il y a quatre ans, après dix ans de saison à Verbier (VS). «J’avais fait le tour et je ne me projetais pas dans un autre restaurant. Connaissant toutes les facettes du métier, entre oenologie, service et événementiel, c’était la suite logique.» Par la même occasion, elle s’offre la liberté d’échanger, de transmettre un savoir, de se faire plaisir.
Place à l’échange
Nicolas Rigaud, responsable du réfectoire des écoles de Bex et instigateur d’Ateliers Mets Délices, insiste sur ce point. «Pour moi, ce n’est qu’un pourcentage dans l’année, mais c’est une réelle satisfaction d’être en cuisine. Cela permet de s’éclater dans les dressages, de se consacrer sur les plats que l’on aime créer, de rester à jour dans les techniques. Et, en parallèle, d’être en interaction avec les gens et de leur faire plaisir à eux aussi!»
Car ce sont bel et bien les clients qui sont au coeur du concept. «En cuisine, on n’a jamais le temps de se poser, de discuter. A domicile, c’est justement la proximité et la découverte de la clientèle qui est palpitante.» Etoilé au Petit Manoir à Morges (VD), puis à la tête de La Charrue à Aclens (VD), le renommé binôme composé de Julien Retler et Sophie Declercq a dû, en décembre 2019 – fin de bail oblige –, trancher: reprendre un établissement ou se mettre à son compte. «A Aclens, nous proposions déjà, en plus de nos heures, une prestation à domicile, ainsi que des repas à l’emporter. Cela avait bien fonctionné. Les gens ont des vies parfois rythmées qui ne permettent pas de profiter d’une soirée au restaurant.» D’où la décision, judicieuse, de privilégier une nouvelle aventure culinaire, plus posée, mais riche en moments uniques. «Au restaurant, si on ne fait pas un service en deux heures, les clients ne sont pas contents. Là, il faut compter quatre heures au minimum, où les questions fusent, où certains viennent scruter, prendre des photos. L’échange est passionnant.»
Dépasser ses craintes
Reste à oser franchir le pas. Car accueillir un chef à domicile a de quoi en perturber plus d’un. «Les gens ont peur. De ne pas avoir le bon matériel, d’avoir une cuisine trop petite.» Certains professionnels misent ainsi sur une première rencontre à la maison, d’autres suggèrent leur propre vaisselle, quelques-uns réalisent même des préparations en amont afin de n’avoir qu’à finaliser l’assiette, entre cuissons minute et dressage. Autant de propositions qui offrent, in fine, la possibilité de mettre les pieds sous la table. Sans stress aucun. «Une dame, qui n’était pas au courant de la surprise, était désolée de ne pas avoir fait les à-fonds! rigole Sophie Declercq. Dites-vous que, parfois, certains sont étonnés de trouver leur cuisine plus propre qu’avant!»




