12.5.2011, Anne Onidi
Une coiffeuse de Vevey a fait analyser le taux de formaldéhyde de son produit de lissage à la kératine. Bien lui en a pris: il contenait quinze fois la dose légale!
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Métamorphoser sa crinière indisciplinée en robe souple et brillante, c’est le miracle que propose le lissage capillaire à la kératine. Pratiquée dans les salons de coiffure, cette technique en provenance du Brésil jouit d’une renommée croissante en Suisse. Son principe: une crème ultrariche en kératine appliquée à l’aide d’un fer à lisser chauffé à 230 degrés. Son prix: conséquent, puisqu’il faut compter 400 francs environ pour des cheveux mi-longs, avec un effet durant entre trois et cinq mois, selon la fréquence des shampooings.
Mais, d’après Sophie Ewald, coiffeuse à Vevey, l’effet est réellement époustouflant: « La première fois que j’ai pu le vérifier, c’était sur une cliente marocaine qui venait de se faire lisser les cheveux dans son pays. J’ai été éblouie! Cette technique n’avait rien à voir avec celle du défrisage, qui assèche, alors que, là, les cheveux étaient nourris et vraiment brillants! »
Rapport de conformité
Séduite, la jeune tenancière de salon demande à un représentant de la marque Lasio de lui exposer les qualités de son produit lissant. Dans son dossier de présentation, le vendeur met en avant un taux de formaldéhyde, ici utilisé comme conservateur, bien inférieur à la concentration limite de 0,2%. Le produit est tout à fait conforme, comme l’atteste le rapport d’analyse qu’il lui donne, un document produit par le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) du canton de Genève. Convaincue par son interlocuteur, Sophie Ewald lui en achète une bouteille à un prix frisant le millier de francs.

Sophie Ewald, coiffeuse à Vevey.
Mais la lecture d’un article sur les dangers liés à des taux élevés de formaldéhyde dans les produits à la kératine, qu’elle découvre dans le magazine de l’Association suisse de la coiffure, lui insuffle un doute: la crème capillaire qu’elle vient d’acquérir est-elle vraiment hors de tout soupçon? Pour s’en assurer, elle envoie le flacon au SCAV de Genève – celui-là même qui avait produit le rapport d’analyse – pour un dosage du formaldéhyde.
Le résultat? Catastrophique! Avec un taux de 3,1% de formaldéhyde, on est bien loin des 0,2% autorisés et des 0,02% clamés par le représentant. Sophie Ewald exige le remboursement du produit et de l’analyse, ce qu’elle obtient au bout de trois jours. Dans un courrier, le vendeur lui garantit que ce lissant n’est désormais plus commercialisé. La coiffeuse contacte alors le SCAV de Genève pour lui demander comment le produit avait pu obtenir un certificat de conformité. « C’est l’étiquette qui a été ici analysée, pas le contenu », lui explique-t-on.
« On ne peut pas tout tester »
Cette mésaventure n’a-t-elle pas dégoûté la jeune femme du lissage à la kératine? « Bien que je travaille désormais avec un produit garanti à 0% de formaldéhyde, de parabène et d’ammoniac, je reste méfiante et ne cherche pas spécialement à faire la promotion de cette technique. Pour l’instant, j’utilise surtout cette crème comme masque de soin profond que j’applique avec un fer à ultrasons et infrarouges, donc sans source de chaleur susceptible de diffuser les produits chimiques. »
Ce lissant, elle a décidé de ne pas l’envoyer au laboratoire. « Si on commence, on ne s’arrête plus! J’ai fait ça une fois, mais je ne vais pas le répéter pour tous mes produits. C’est vrai que la coiffure est un domaine spécialement contaminé par la chimie. Mais regardez l’alimentation: c’est le même problème. Avec tous ces additifs, essayez de manger sainement! » Reste que la professionnelle sent une différence à l’emploi de son nouveau produit: « C’est beaucoup plus agréable: nous n’avons plus les yeux et les nez qui piquent, comme c’était le cas avec le Lasio. » Un confort qui se paie malheureusement par une perte d’efficacité: « Moins le produit contient de formaldéhyde, moins il est performant. »


