Enquête : Consommation durable

Chaussures en cuir: Timberland, Ecco et Clarks en bons élèves

Commerce équitable

2.3.2012, Huma Khamis

Du premier au dernier maillon de la chaîne de production, l’industrie de la chaussure piétine les conditions de travail et la protection de l’environnement. A quelques exceptions près.




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Plus de la moitié de la production mondiale de cuir est destinée à la chaussure. Un tiers finit en Europe, le plus grand marché à l’échelle planétaire. Mais avant d’être exposées dans de belles vitrines européennes, les chaussures en cuir ont parcouru des milliers de kilomètres. Le voyage démarre au Brésil avec les élevages de bovins, se poursuit dans des tanneries en Inde, qui travaillent la majeure partie des peaux, pour finir dans des usines au Vietnam, en Chine ou en Indonésie.

La plupart des marques font appel à des sous-traitants car elles ne possèdent pas d’infrastructures propres. La FRC et ses confères d’International Consumer Research and Testing (ICRT) ont donc interrogé les grandes marques sur les politiques sociales et environnementales ainsi que sur les codes de conduite qu’elles appliquent pour régler les conditions de travail et imposer des standards écologiques à leurs fournisseurs. En parallèle, nous avons mandaté Danwatch, une organisation danoise indépendante d’investigation sur l’éthique sociale. Elle s’est rendue au Brésil et en Inde, deux étapes-clés de cette industrie, pour récolter des témoignages sur la réalité du terrain.

Esclavage au Brésil

C’est dans l’Etat amazonien du Mato Grosso, au centre-ouest du Brésil, que sont élevés les bovins. Initialement destinées à l’alimentation, leurs peaux s’avèrent un sous-produit d’exportation fort lucratif. Or, non seulement l’élevage de bétail n’est pas sans conséquences sur l’environnement, puisqu’on estime qu’il serait à l’origine de 80% de la déforestation en Amazonie, mais, par ailleurs, les ranchs recourent à une main-d’œuvre dont les conditions de travail s’approchent de l’esclavage. Nos confrères de Danwatch n’ont pas réussi à accéder aux exploitations, mais ils ont tout de même pu recueillir de nombreux témoignages (lire encadré) qui détaillent les conditions inhumaines qui y règnent. Recrutés grâce à des offres alléchantes dans les régions les plus pauvres du pays, les ouvriers sont acheminés, de préférence de nuit, dans des fermes isolées d’où il leur est quasi impossible de s’échapper. Entassés dans des baraquements insalubres, ils doivent acheter leur nourriture et le nécessaire de survie à un prix prohibitif au gato, un contremaître qui retient leurs salaires et auprès duquel ils s’endettent. Il est fréquemment fait état de violence, de torture, voire de meurtre en cas de rébellion.

Dans les abattoirs, la situation des ouvriers n’est guère plus enviable: le travail répétitif dans les chambres froides entraîne de nombreux troubles physiques, et les accidents, parfois mortels, ne sont pas rares. Pour éviter toute poursuite judiciaire, les entreprises changent d’ailleurs régulièrement de nom.

Certaines compagnies tentent toutefois de remédier à cette situation catastrophique en collaborant à la mise en place d’une liste noire établie par le gouvernement brésilien et qui répertorie les fermes et les employeurs qui ne respectent pas les droits des travailleurs. En parallèle, un projet de traçabilité du cuir a été initié par Leather Working Group, une plateforme qui évalue les pratiques environnementales et sociales des tanneries qui le souhaitent. Or les grandes marques qui exigent de leurs fournisseurs qu’ils adhèrent à ces initiatives restent rares. Les plus progressistes en la matière – Timberland, Ecco et Clarks – exigent la traçabilité de tout ou partie de leurs produits.

Substances poisons en Inde

A l’autre bout de la planète, l’Etat du Tamil Nadu, au sud de l’Inde, concentre 60% des tanneries du pays. Là aussi, les hommes, les eaux souterraines et les terres agricoles souffrent de l’industrie du cuir, qui recourt aux acides et aux métaux lourds – en particulier le chrome – pour stabiliser les peaux avant de les travailler. Danwatch s’est rendu dans six tanneries de tailles diverses, et les témoignages des ouvriers, des médecins et des ONG locales s’accordent sur plusieurs points: le chrome est responsable de cancers, et les autres substances chimiques utilisées provoquent l’asthme et de nombreuses affections cutanées.

La faute au manque d’équipements fournis aux travailleurs pour se protéger convenablement, mais aussi au peu d’informations qui leur sont données sur les dangers inhérents à la manipulation d’acides. Ainsi, selon les médecins locaux, près de 40% des salariés de l’industrie du tannage dans la région souffriraient d’effets directs sur leur santé pour un revenu largement au-dessous des minimums vitaux. Quant au reste de la population, elle subit les pollutions dues aux rejets d’eaux usées et non traitées qui empoisonnent lentement mais sûrement les terres cultivables.

Dans ce contexte, le bien-être des animaux passe souvent au second plan. Bien que l’Inde, pour des raisons religieuses, soit dotée d’une des législations les plus avancées en matière de protection des animaux, les bêtes sont entassées dans des camions pour être transportées vers les abattoirs sur de longues distances et subissent de nombreuses mutilations avant d’être massacrées.

En Inde aussi, certaines entreprises prennent leurs responsabilités à cœur, mais elles sont rares. Ainsi, peu de marques adhèrent au cahier des charges de l’écolabel européen pour les chaussures ou aux normes internationales imposant des conditions de travail décentes, comme la Business Social Compliance Initiative (BSCI), un code de conduite né en 2004, ou encore le SA8000, un standard orienté sur les aspects sociaux du développement durable pour que les entreprises communiquent mieux avec leurs fournisseurs. Et quand elles y adhèrent, elles peinent à instaurer un contrôle sur l’entier de la chaîne de production. C’est curieux comme, en matière de bonnes pratiques, les grandes marques se font petites dans leurs souliers.

Consultez le tableau comparatif complet, marque par marque

Lire aussi:

Témoignages du Brésil: l’empreinte de l’esclavage
Témoignages d’Inde: le chrome pèse lourd sur l’environnement
Tannage, les dessous du cuir

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Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
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  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)