5.2.2013, Valérie Legrand-Germanier / L’alimentation ne couvre que 15% des besoins quotidiens en vitamine D. Photo: foodonwhite/shutterstock.com
Mise à jour le 03.02.2021
Les autorités suisses ont révisé à la hausse les apports journaliers recommandés. Mais, en l’absence de mesures concrètes, pas facile d’atteindre la dose suffisante.
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La vitamine D est parée de nombreuses vertus face aux maladies neurologiques et musculaires. Mais ses bénéfices sont surtout reconnus pour son action sur le squelette et les dents. En permettant au corps d’absorber et de fixer le calcium dans les os, cette substance joue un rôle fondamental dans la constitution et le maintien d’une ossature solide. Dans le passé, une carence pouvait avoir des conséquences néfastes sur la santé des jeunes enfants, raison pour laquelle les grands-parents administraient de l’huile de foie de morue aux bambins. Aujourd’hui, le risque le plus grave, le rachitisme, est minime en Suisse, les nourrissons étant systématiquement supplémentés en vitamine D.
Or les tout-petits ne sont peut-être pas les seuls à devoir y avoir recours. En 2012, une méta-analyse (compilation de plusieurs études scientifiques) publiée dans le New England Journal of Medicine a démontré une diminution des fractures de l’ordre de 30% chez les seniors prenant quotidiennement au moins 20 microgrammes de vitamine D.
La communauté scientifique, relayée par des associations d’aide aux patients comme la Ligue suisse contre le rhumatisme, la considère comme un outil de prévention de l’ostéoporose.
Les Suisses carencés
Selon une étude réalisée l’an dernier par des chercheurs du CHUV, des HUG et de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), et publiée dans le Swiss Medical Weekly, les Helvètes seraient globalement carencés en vitamine D, en particulier en hiver. Cette dernière est en effet synthétisée par la peau lors d’expositions au rayonnement solaire. Mais sous nos latitudes, le niveau d’ensoleillement durant cette période de l’année est trop faible, alors qu’on estime qu’il faudrait passer vingt minutes par jour, au moins, à la lumière du soleil.
D’autre part, l’alimentation n’apporte que 15% des besoins quotidiens en vitamine D. En effet, pour ce faire, nous devrions ingurgiter chaque jour 500 grammes de thon, ou plus d’un kilo de fromage à pâte dure, voire trois œufs, ce qui est bien sûr impossible! «Alors que tous les autres nutriments peuvent être apportés par une alimentation saine et équilibrée, une source supplémentaire de vitamine D est nécessaire», reconnaît Christian Ryser, secrétaire général de la Société suisse de nutrition.
Paradoxe fédéral
Les pédiatres suisses, soutenus par les gériatres, affirment dans leur revue spécialisée qu’il est «urgent de mener une réflexion sur l’enrichissement des aliments en vitamine D». En effet, il existe très peu de produits enrichis en Suisse – produits laitiers, poudres chocolatées ou maltées, jus de fruits… Et leur teneur maximale en vitamine D est limitée par une ordonnance fédérale à 5 microgrammes par ration journalière, au plus, soit largement en dessous des apports recommandés. C’est le cas, par exemple, de Jemalt, poudre maltée produite par Wander. Le fabricant nous a indiqué ne pas pouvoir modifier sa recette tant que l’OFSP n’aura pas révisé cette ordonnance.
Or, paradoxalement, si l’OFSP a édicté en juin dernier de nouvelles recommandations quant aux apports quotidiens en vitamine D, le même office n’entend pas retoucher l’ordonnance en question. Motifs invoqués: éviter les entraves au commerce ainsi que les surdoses. La vitamine D, en effet, est liposoluble, c’est-à-dire que l’excès est stocké et non pas éliminé. Mais, selon Michel Burnier, médecin-chef du Service de néphrologie du CHUV, «le risque de surdose, qui implique surtout l’apparition de calculs rénaux, est minime voire nul. Pour preuve, l’équivalent de trois mois de vitamine D peut être administré en une seule fois, même aux enfants.»
Poisson vitaminé
Surtout en hiver et quand ils restent confinés, les Helvètes manquent de vitamine D. Or elle contribue à la santé des os, des dents, des systèmes locomoteur et immunitaire. L’Institut suisse des vitamines a été mandaté pour en mesurer la teneur dans les poissons des lacs Léman, de Joux et de Neuchâtel. Tous contiennent de la vitamine D. La concentration varie en fonction de l’espèce et du lac, les champions étant les corégones (féra, palée ou bondelle). BP



