14.1.2015, Nicolas Berlie

Cadeaux si pratiques, les bons sont aussi impersonnels, et tapent souvent à côté de la cible. Un nouveau site d'échange apporte sa solution.

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Chaque année, les Suisses dépenseraient un milliard de francs en bons cadeaux, estime Florence Boulenger. Or selon l’institut Euromonitor, 12% des bons cadeaux ne seraient jamais utilisés. En extrapolant à partir des ces chiffres, ce sont ainsi 120 millions de francs qui viendraient enjoliver le bilan des commerces!

Ce constat est le point de départ du service Card Change, un site d’échange de bons cadeaux lancé en octobre par la jeune entrepreneuse belge, étudiante à l’EPFL. L’idée est simple: que les cartes cadeaux inutilisées ne finissent pas oubliées dans un tiroir, mais reviennent sur le marché. Dupliquant un modèle d’affaires qui a fait ses preuves aux Etats-Unis et en France, avec des sites comme placedescartes.fr ou esioox.fr, la société cardchange.ch ne fournit pas seulement un espace d’échange, mais rachète elle-même les bons cadeaux, entre 50% à 85% de leur valeur, avant de les revendre avec un rabais pouvant aller jusqu’à 35%.

Différentes enseignes, différents prix

Admettons que vous receviez un bon de 500 francs chez Fly, mais que nous ne savez absolument pas quoi en faire: cardchange.ch vous le rachète pour 335 francs, soit à 67% de sa valeur. Un pourcentage qui diffère suivant les enseignes. « Vu que nous assumons le risque, nous avons mis au point un algorithme qui nous permet de le calculer », explique Florence Boulenger. Cet outil tient compte de critères comme le nombre de magasins que compte une enseigne, son chiffre d’affaires global ou encore de son intérêt. Ainsi, les bons Coop, enseigne ubiquitaire et très généraliste, se monnaient-ils au plus haut, à 85% de leur valeur, tandis que les cartes cadeaux Lush, enseigne beaucoup moins répandue et très spécialisée, se négocient-ils à 61% de leur valeur.

Ces bons cadeaux, cardchange.ch va ensuite les revendre avec un rabais, de 5% à 35% suivant les enseignes. L’heureux acquéreur de votre bon Fly, qui doit urgemment acheter un canapé, aura ainsi une ristourne de 18%. « Les bons cadeau sont assimilés à du cash et sont donc cumulables avec d’autres avantages », ajoute Florence Boulenger. Elle relève une seule exception, la chaîne de parfums Douglas.

Cardchange.ch verse l’argent en 48 heures au vendeur, et livre la carte en 24 heures à l’acheteur. Pour l’heure, le montant maximal des bons est fixé à 500 francs et leur validité doit d’être au moins neuf mois.

Service en développement

Lancé en octobre, le site est encore en phase de démarrage, loin d’être rentable, et son offre fait les montagnes russes: « Par exemple, tout est parti avant Noël », relate Florence Boulenger. Mais après les Fêtes, « les nouvelles cartes commencent à rentrer ». A noter que la plus forte demande vient de Suisse alémanique, alors même que la jeune société n’a fait aucune promotion dans cette partie du pays.

Le site accepte les bons cadeaux des principales chaînes de Suisse, avec une exception: Conforama, dont les conditions générales ménagent une drôle de spécialité. « Conforama prélève des frais mensuels de 5 francs en cas de non utilisation de la carte ». Une clause qui rend les bons du groupe français persona non grata.

Quant aux bons cadeaux des petites boutiques, cardchange.ch ne les accepte pas non plus. Trop risqué. Mais la fondatrice de la société du Petit-Lancy réfléchit au développement d’un service de type « dépôt-vente » pour ce genre d’objets.