2.7.2015, Nicolas Berlie
Après avoir lancé son propre sticker, envoyé ses facteurs au front, le géant jaune offre des avantages en nature aux clients qui retirent leur autocollant anti-pub.
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« There is no such thing as bad publicity », dit l’adage américain, parfois attribué à Phineas T. Barnum, propriétaire du cirque du même nom. En français: « il n’y a pas de mauvaise publicité ».
Ce dicton, la Poste pourrait le reprendre à son compte, tant le géant jaune semble être parti en guerre contre les autocollants anti-pub, tout en tenant un double discours étonnant.
La première banderille a été plantée avec l’autocollant « Publicité OK », lancé pour contrecarrer les autocollants anti-pub – dont celui de la FRC – fleurissant sur les boîtes aux lettres. Un sticker qu’on a retrouvé dans des kits de déménagement, puis en 2012 dans un tout-ménage.
Deuxième banderille, l’information révélée par le Blick en juin dernier: alors que les facteurs ne montent plus dans les étages pour les colis et les recommandés, ils seraient par contre incités à démarcher les clients qui ont apposé un autocollant « Pas de publicité » sur leurs boîtes aux lettres. Avec même un objectif de deux stickers retirés par année. Une information contestée par la porte-parole de la Poste, Nathalie Dérobert Fellay: il n’y a pas de campagne organisée, mais une invitation faite aux facteurs au cas par cas, notamment lors de déménagement, explique-t-elle dans la Tribune de Genève. « Je ne peux pas exclure que certains managers aient voulu inciter leurs équipes à aborder leurs clients. Mais il s’agit de quelques cas individuels qui ont témoigné sur nos 15 000 facteurs », dit-elle encore. Damnés francs-tireurs…
Qui veut mon échantillon?
Que dire alors du courrier reçu ces jours par bon nombre de clients? Le géant jaune annonce travailler avec « plusieurs fabricants renommés » pour connaître « l’acceptation et l’impact d’échantillons dans les boîtes aux lettres ». Il va ainsi distribuer chaque mois des « échantillons fort attrayants » (à commencer par du dentifrice Elmex, du condiment Nahrin et de l’Ovomaltine) dans une zone donnée – « et vous en faites partie! »
Problème, la Poste ne peut pas les distribuer dans des boîtes aux lettres arborant des autocollants anti-pub: « Si vous souhaitez à l’avenir profiter d’échantillons et autres envois publicitaires, il suffit de retirer toute mention de votre boîte aux lettres ou de retourner l’écriteau correspondant », conclut la missive.
Cette méthode du cheval de Troie, une pseudo-enquête d’impact mêlée d’un petit chantage, ressemble furieusement à une « campagne organisée », n’en déplaise aux porte-paroles du géant jaune. Quant à connaître « l’acceptation (…) d’échantillons dans la boîtes aux lettres », le simple comptage des stickers anti-pub aurait déjà donné une très bonne idée… Car à l’inverse de Phineas Barnum et de la Poste, bon nombre de clients pensent, à l’évidence, que la bonne publicité n’existe pas. Et que l’art de se faire de la mauvaise pub n’a plus de secret pour le géant jaune: « La Poste fait fausse route et braque encore plus les consommateurs qui ne veulent pas de publicité dans leur boîte aux lettres, relève Valérie Muster, responsable de la Permanence de la FRC. La vente de notre autocollant n’a pas diminué malgré l’énergie mise à forcer la main des récalcitrants. »
La FRC a même reçu des plaintes de consommateurs qui acceptent de recevoir de la publicité, mais qui s’indignent que la Poste dépense l’argent de ses usagers – et indirectement du contribuable – pour les faire revenir sur leurs choix. « Donnez les échantillons d’Ovomaltine à vos as du marketing pour leur booster les neurones! » dit l’un d’eux.
