1.11.2022, Sophie Michaud Gigon
De la graine aux étals Coop et Migros, les coûts de certains primeurs courants ont été décortiqués durant une année. La FRC exige un effort important en faveur d’une meilleure transparence des prix.
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Pourquoi je paie plus cher mes légumes? On peut y voir trois bonnes raisons. Parce que je veux préserver ma santé et l’environnement. Parce que j’ai envie de rémunérer décemment les producteurs. Et parce que je ne sais pas la part de marge que la grande distribution se met dans la poche. Sauf que, maintenant, ni vous ni moi ne pouvons plus fermer les yeux après avoir lu l’intégrale de l’enquête Omerta dans le maraîchage.
Lorsque j’évoquais ce projet d’enquête début 2021, je ne me doutais pas qu’elle prendrait tant de temps à aboutir. Les informations ont été très laborieuses à rassembler. Comme les producteurs le disent eux-mêmes sous couvert d’anonymat, ils travaillent non pas avec mais pour la grande distribution. Ils ont besoin d’elle pour écouler leur marchandise, quitte à se faire tordre. Les autres dindons de la farce, ce sont les consommateurs.
« Disposer de produits frais et abordables, c’est un sujet de santé publique. Le duopole orange doit pratiquer des prix justes. »
Sophie Michaud Gigon, Secrétaire générale.
Les pointages réalisés sur une année portent sur des produits courants: carottes, tomates, concombres, salades… Nos chiffres nous ont appris que les légumes suisses, alors qu’ils sont en pleine saison, subissent une double majoration: celle des prix aux producteurs (produits mieux rétribués lorsque les barrières tarifaires les protègent de la concurrence internationale) et celle de Coop et Migros – 80% du marché des primeurs – qui empochent une marge plus confortable encore. Pour les consommateurs, quand les tomates cerises crèvent le plafond en pleine saison, c’est contre-intuitif pour le moins! Nos analyses montrent en outre que la marge n’est pas corrélée au travail fourni ni au risque couru. Dans le bio, le prix à la production peut augmenter de 30% par rapport au conventionnel. Mais le prix payé par la clientèle peut aisément être 50% plus élevé. Où passe donc l’écart de 20%? L’exigence de transparence qui a toujours conduit l’action de la FRC depuis ses débuts prend ici tout son sens.
Une autre question qui se pose concerne le (sur-)emballage. Faut-il maintenir un film plastique sur les salades alors que sa part représente le tiers du prix de vente du produit et va forcément augmenter, suivant la courbe du prix de l’énergie et du pétrole? Décidément, le contexte ne fait que renforcer l’importance de nos revendications.
Aujourd’hui, les ménages subissent des hausses de toutes parts (primes maladie, charges du logement, prix de l’énergie). Il n’est pas imaginable qu’ils se privent de produits frais, sous prétexte que certains deviennent inabordables, alors qu’il ne s’agit pas d’un bien de consommation comme les autres. La valeur et le prix des primeurs sont un sujet de santé publique. Le duopole orange doit concrétiser sa communication positive autour du local et de la proximité précisément en pratiquant des prix justes. Dans ce combat, la FRC tend la main aux producteurs pour obtenir davantage de transparence dans la chaîne de valeur et la préservation d’un tissu agricole indigène diversifié et pérenne.


